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Fausses idées sur l'arrêt du tabac

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C'est bien connu : le tabac est un véritable fléau pour la santé. Responsable de cancers (cancer du poumon, mais aussi de la gorge, de l'œsophage, de la bouche...) et d'autres maladies graves (BPCO, troubles cardiovasculaires...), il est à la fois dangereux pour le fumeur et pour son entourage qui subit un tabagisme passif.

Pourtant, les idées reçues sur le tabac ont la dent dure : elles se veulent déculpabilisantes. Les plus répandues, on les connaît : "à mon âge, ça ne sert plus à rien d'arrêter de fumer", "une cigarette de temps en temps, ça ne va pas me tuer", "je fume des cigarettes avec filtre, c'est moins dangereux", "si j'arrête de fumer, je vais grossir"... Faux !

ARRÊTER DE FUMER : JE TROUVE "MA" MOTIVATION

En France, en 2019, 33 % des fumeurs ont essayé d'arrêter de fumer - en vain. Selon un baromètre publié par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) en 2013, la motivation numéro 1 pour dire "adieu" à la cigarette, c'est la santé.

Arrivent ensuite les préoccupations esthétiques : marre d'avoir les doigts et les dents jaunes, envie de retrouver un teint frais et une bonne haleine... Puis l'inquiétude vis-à-vis de la dépendance (le tabagisme est vu comme une perte de liberté), les raisons financières (fumer un paquet de cigarettes par jour coûte jusqu'à 3000 euros par an) et le respect de l'entourage, notamment familial.

Et chez les jeunes ? 11 % des jeunes âgés de 16 à 35 ans fument de façon quotidienne : 84 % d'entre eux souhaitent arrêter de fumer pour préserver leur santé (57 %) et pour des raisons financières (46 %). Ils sont 58 % à avoir déjà essayé d'écraser leur dernière cigarette

«En réduisant ma consommation de cigarettes quotidienne, je réduis les risques pour ma santé»

Faux. Il n’existe pas de seuil au-dessous duquel le risque de cancer du poumon ou de maladies cardiovasculaires est nul. Selon une étude publiée en 2005 dans la revue Tobacco Control, fumer entre 1 et 4 cigarettes par jour est ainsi associé à un risque 3 fois plus élevé de mourir d’un infarctus. Vis-à-vis de ce risque, il n’y a donc pas de «petit» ou de «gros» fumeur. De plus, le tabagisme multiplie par au moins 10 à 25 le risque de développer un cancer du poumon par rapport à un non-fumeur. L’objectif est donc d’arrêter le plus tôt possible, quelle que soit la quantité quotidienne de tabac consommée.

Principaux faits sur le tabagisme

  • Le tabac tue la moitié de ceux qui en consomment.

  • L’épidémie de tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année. Plus de 5 millions d’entre elles sont des consommateurs ou d’anciens consommateurs, et plus de 600 000, des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée.

  • Plus de 80% du milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.

«Cela ne sert à rien d’arrêter de fumer puisque l’air pollué que je respire est aussi dangereux»

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Faux. Selon une étude publiée en 2005, les microparticules de l’air - qui proviennent en grande partie de la combustion du carburant, du gaz naturel et du charbon - sont à l’origine d’environ 5% des morts par cancer de la trachée et cancer du poumon. Le tabagisme reste de loin le principal facteur de risque: selon le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), il est responsable de 8 cancers sur 10 chez l’homme et de 7 cancers sur 10 chez la femme.

Au total, 80 à 85% des cas de cancer du poumon seraient attribuables au tabac. D’autres facteurs de risque sont connus, tels que l’exposition professionnelle à l’amiante, au radon (mines d’uranium), l’arsenic, le nickel, le chrome, les goudrons... À noter que les risques de présenter un jour un cancer du poumon suite à une exposition à l’amiante sont 50 fois plus importants si la personne est fumeuse.

«J’ai 50 ans, il est trop tard pour arrêter de fumer»

Faux. En 2015 en France, l’espérance de vie à la naissance s’élevait à 85 ans pour les femmes et à 78,9 ans pour les hommes (Insee). Or seulement un an après avoir écrasé sa dernière cigarette, le risque d’infarctus diminue de moitié et celui d’avoir un AVC rejoint celui d’un non-fumeur. Après 5 ans sans fumer, le risque de cancer du poumon diminue quasiment de moitié. Enfin, après 10 à 15 ans sans tabac, l’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé.

Les bénéfices du sevrage tabagique s’observent quel que soit l’âge auquel on arrête de fumer et quelle que soit la quantité de cigarettes fumées. Il n’est donc jamais trop tard pour arrêter, même si on a fumé beaucoup et longtemps.

«Les cigarettes ‘light’ sont moins nocives»

Faux. Dans les cigarettes dites «légères», un filtre composé de micro-perforations est supposé diluer la fumée en laissant passer davantage d’air. Le but escompté est l’inhalation d’une quantité moins importante de substances toxiques. Mais avec ses lèvres et ses doigts, le fumeur bouche les perforations. De plus, les cigarettes light contiennent autant de nicotine que les cigarettes classiques. Alors qu’ils pensent fumer des cigarettes allégées en nicotine, les fumeurs ont tendance à garder la fumée plus longtemps dans les poumons et à fumer davantage pour atteindre la même quantité de nicotine qu’avec une cigarette classique.

En septembre 2003, les appellations «light», «légères» ou «mild» ont été interdites mais leur part n’a que très peu diminué depuis. Alors qu’elles représentaient 30% des cigarettes vendues en 2005, ce taux était de 27,5% en 2009. Une imprégnation des consommateurs due à 20 ans de présence en rayon.

«Le tabac à rouler est plus ‘naturel’ que les cigarettes industrielles»

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Faux. Environ 24% des fumeurs utilisent du tabac à rouler. Il est en particulier préféré des jeunes en raison de son coût plus bas. Le prix moyen, papier compris, se situe environ à 4,10€ pour 20 cigarettes roulées contre 6€ pour 20 cigarettes manufacturées.

D’autres consomment du tabac à rouler parce qu’ils le considèrent comme moins toxique. Or la dangerosité du tabac à rouler réside dans sa combustion: non seulement il contient plus de nicotine et de goudron mais «le tabac, moins bien tassé, brûle mal; les cigarettes roulées s’éteignent plus facilement, mais la combustion se fait à une température plus élevée, engendrant une fumée plus toxique», souligne l’un des bulletins santé de l’association Les Droits des Non-Fumeurs.

Le papier joue également un rôle important (composition, grammage, porosité, additifs) puisque celui-ci influe sur la combustibilité et la toxicité. Enfin, la manière de fumer une cigarette roulée est différente: l’inhalation est plus profonde et plus longue, et elle se fait en plus de bouffées qu’une cigarette manufacturée.

Globalement, les conséquences sur la santé sont semblables à celles des cigarettes classiques. Cependant, les fumeurs de tabac à rouler sont exposés à des concentrations d’oxydants, de radicaux libres et de carcinogènes provoquant un stress oxydatif plus élevé qu’avec les cigarettes manufacturées, selon une étude publiée dans la revue Mutation Research en 2011.

«Il vaut mieux arrêter petit à petit que tout d'un coup»

 Faux. C’est ce que montrent les résultats d’une étude publiée en mars 2016 par des chercheurs de l’université d’Oxford (Angleterre) dans la revue Annals of Internal Medicine. 697 fumeurs ont été répartis en deux groupes: ceux supposés arrêter de fumer de façon brutale, et ceux disposant de 2 semaines pour réduire leur consommation avant d’arrêter définitivement. Au bout de 4 semaines, 39% des fumeurs du groupe «arrêt progressif» avaient arrêté de fumer. Après 6 mois, ils n’étaient plus que 15,5%. Les patients du groupe «arrêt brutal» étaient 49% puis 22% après respectivement 4 semaines et 6 mois.

Néanmoins, des chercheurs du réseau Cochrane ont réalisé une analyse de 10 études comparant les taux de sevrage de ces 2 méthodes. Aucune d’entre elles n’a montré une efficacité supérieure. Il revient donc au fumeur de choisir l’une d’elle, accompagnée ou non de substituts nicotiniques.

«Faire du sport compense les risques liés au tabagisme»

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Faux. En 2000, 60% des fumeurs interrogés dans le cadre d’une étude française pensaient que le sport protégeait leur corps des dangers de la cigarette. Pourtant, il n’en est rien. Le tabagisme affecte notamment le système respiratoire et le système cardio-vasculaire, mais aussi les muscles. Au passage de la fumée, les agents irritants, comme l’acétone, attaquent les muqueuses respiratoires. Les goudrons, avec leur myriade de substances cancérigènes, ont quant à eux un effet toxique sur les tissus et les muqueuses. Cette combinaison enflamme les bronches et provoque la toux.

À ces effets s’ajoutent les effets de la nicotine. À chaque inhalation, cette molécule entraîne une contraction des voies respiratoires, ce qui diminue la capacité respiratoire. De plus, le monoxyde de carbone entraîne une «asphyxie» des muscles, des poumons et du cœur, qui ne peuvent alors pas supporter d’exercice physique intense. Les muscles souffrant d’un manque d’oxygène, les crampes et les douleurs deviennent plus fréquentes, tandis que la récupération à l’effort devient plus difficile. Enfin, le risque de thrombose est augmenté.

«Les risques liés à la cigarette ne touchent que les seniors»

Faux. En 2012, l’âge moyen au diagnostic du cancer du poumon était de 66 ans chez l’homme et 65 ans chez la femme. Mais il peut aussi frapper les personnes plus jeunes. Dès la vingtaine, des cancers liés au tabagisme peuvent se déclarer, et le risque augmente avec l’âge. En France, 34% des décès qui surviennent chez les hommes âgés de 36 à 69 ans sont attribuables au tabagisme, et 4% pour les femmes.

Fumer est relaxant

Faux. C’est l’une des fausses croyances sur le tabac les plus répandues. Les fumeurs eux-mêmes sont bien souvent convaincus de cela.

Des milliers de personnes sont tombées dans l’addiction à la cigarette parce qu’elles pensent que c’est une méthode efficace pour canaliser les effets de l’anxiété et du stress.

De plus, celles qui en consomment déjà de manière excessive choisissent de ne pas arrêter car elles pensent qu’il sera inutile de lutter contre la tension qu’implique l’arrêt du tabac.

Il est certain que, loin de détendre le corps, diverses études montrent ses toxines affectent le système nerveux et déclenchent des changements d’humeur brusques. Si la cigarette génère bien sur le moment une fausse sensation de soulagement, avec le temps elle provoque ces réactions indésirables.

Le tabac n’est pas dangereux si l’on a une bonne santé

Faux. Faites très attention ! Ce mythe laissa en effet penser à de nombreux consommateurs qu’ils pouvaient fumer sans souffrir des effets dangereux des toxines de la cigarette. Les personnes qui jouissent d’une bonne santé réduisent très rapidement leur qualité de vie en incorporant le tabac à leurs habitudes.

L’exercice élimine les toxines du tabac

Faux. On pense que certaines toxines du tabac sont excrétées par la sueur produite pendant l’exercice. Cependant, l’idée qu’il est possible de transpirer des “toxines” est un mythe.

La fonction de la sueur est de réguler la température du corps ; d’autres parties du corps, comme les reins ou le foie, sont responsables de l’élimination des substances nocives.

Cependant, comme le dit une étude publiée dans la revue Environnement International, il est vrai que, bien que ce ne soit pas sa tâche, une quantité minimale de toxines peut être sécrétée par la sueur. Mais ce chiffre est si faible qu’il n’est pas pertinent.

C’est pourquoi l’idée que l’exercice physique permet d’éliminer les substances toxiques du tabac n’est qu’un mythe. Au contraire, si vous fumez et faites du sport, avec le temps, le tabac réduira vos performances sportives, ce qui vous fera vous fatiguer plus vite et respirer moins.

Si les dégâts sont déjà là… pourquoi arrêter ?

Faux. Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer, même si cela fait plusieurs années que nous fumons plusieurs cigarettes par jour. Quiconque a la volonté de le faire peut éprouver de nombreux changements positifs du moment où la personne prend la décision :

  • Le risque de souffrir de cancer et de maladies pulmonaires diminue.

  • La circulation du sang s’améliore.

  • Le cœur commence à mieux fonctionner.

  • La pression artérielle se rétablit.

  • La peau commence à reprendre vie.

  • On arrive en général à maintenir une incroyable sensation de bien-être.

Le seul risque de cancer lié à la cigarette est le cancer du poumon

Faux. La cigarette est en réalité liée à plusieurs types de cancers situés dans environ dix-sept localisations différentes, comme par exemple le cancer du col utérin, de la prostate, du sein, de la vessie, du côlon ou encore des lymphomes hodgkiniens.

Le tabac ne tue pas les non-fumeurs

Faux. Même si le risque du tabagisme passif est moindre que celui du tabagisme actif, la fumée présente dans l’air contient presque tous les agents cancérigènes de la cigarette, ce qui peut provoquer des cancers. Le tabagisme passif est d’autant plus nocif sur les enfants qui peuvent notamment développer des leucémies infantiles. En 2009, environ 603 000 décès dans le monde sont ainsi attribués au tabagisme passif.

La cigarette électronique est la solution pour un sevrage progressif

 

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Faux. La cigarette électronique maintient les réflexes conditionnés pavloviens du fumeur. Si bien qu’on ne lâche plus la cigarette électronique, on vapote en continu parce qu’elle ne s’éteint pas.

La nicotine est la seule responsable de la dépendance

Faux. Elle n’est pas seule responsable de la dépendance. C’est l’association de la nicotine et de certains produits issus de la combustion qui engendrent des effets de manque. Mais il ne faut pas non plus oublier que la dépendance est aussi comportementale et psychologique.

Pour arrêter de fumer, les substituts nicotiniques ou des médicaments sont nécessaires

Faux. Le soutien et les encouragements sont bien plus efficaces. Il ne faut surtout pas négliger le plan psychologique et comportemental sur lesquels un spécialiste compétent peut réellement vous aider. L’hypnose et les thérapies comportementales et cognitives (TCC) obtiennent les meilleurs résultats.

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En moyenne, une femme prend 2,8 kg et un homme 3,2 kg. Le bilan lipidique des fumeurs est plus faible, car le tabac accélère le métabolisme et brûle les graisses. Sans oublier que la nicotine agit comme un coupe-faim. Mais la prise de poids n’est pas obligatoire. Il s’agit surtout d’éviter de compenser l’arrêt du tabac par la nourriture. Bernard Antoine, tabacologue-addictologue à Paris, conseille de faire un travail axé sur le désir d’être libre.

Faux, Faux, Faux et Faux

Je vais forcément prendre du poids

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